Passons – pour l’instant – sur la méthode assez peu démocratique. D’un débat sur une application de surveillance STOPCOVID sans vote pour « ne pas fracturer la majorité », on a finalement abouti à un débat avec vote sur une stratégie de déconfinement à laquelle il faut réagir sur le champ. C’est la même méthode qui sera employée pour le prochain projet de loi à examiner en à peine 48 heures. On retrouve les mauvaises habitudes de l’avant Covid : procédure hyper accélérée et refus de la délibération parlementaire.
Sur le fond, on a vu un Premier Ministre faisant preuve d’une grande prudence qui, si elle peut être saine, interroge plutôt sur une date de déconfinement dont on ignore toujours sur quelles bases elle fut déterminée. On a d’ailleurs l’impression que si la date du 11 mai est un totem pour E. Macron, il n’en va pas de même pour E. Philippe pour qui elle relève plutôt de la mission impossible… D’ailleurs son discours se rapproche plus de l’avis du comité scientifique que de celui du président de la République… Au final on a bien compris que le 11 mai ne serait qu’un desserrement du confinement et que les différences territoriales seront fortes.
Sur le fond les mesures proposées manquent toujours de clarté et laissent de trop nombreuses questions en suspens sur les modalités et les moyens, quand elles ne renforcent pas l’angoisse des français en érodant la confiance dans les pouvoirs publics, alors que celle-ci est pourtant indispensable pour réussir le déconfinement
Ce dernier est certes un défi gigantesque, et même s’il est un préalable à la reprise de l’activité économique, cela ne peut se faire au détriment de la santé publique. La question est de savoir si l’on veut éviter ou pas un rebond épidémique et s’en donner les moyens.
Les scientifiques s’accordent bien sur le fait que masques, tests et gel hydroalcoolique font notamment partie des conditions sine qua non pour limiter la propagation du virus. Après de multiples atermoiements dictés en réalité par la pénurie, l’exécutif finit par en convenir. Mais, serons-nous réellement prêts le 11 mai ? J’en doute, malgré la mobilisation active de nos collectivités et des entreprises et alors que tout cela aurait dû être avant tout piloté par l’État.
Les collectivités locales, notamment les communes au premier chef, ont désormais – entre autres – l’immense charge et la responsabilité d’organiser l’ouverture des écoles en un temps record et selon des règles sanitaires strictes sans précédent. Je comprends l’inquiétude des maires, des enseignants et des familles alors que les indications précises font défaut… Les collectivités ont besoin d’un cahier des charges précis et de moyens pour ne pas creuser encore davantage les inégalités territoriales. L’État doit construire avec elles un véritable partenariat plutôt que de les reléguer sans cesse au rang de sous-traitants alors que les responsabilités sont assumées par les élus locaux.
Enfin, éternelle absente, comme si le moment n’était jamais le bon pour l’aborder : l’urgence sociale. De ce point de vue, les déclarations matinales de Muriel Pénicaud sur la diminution de la prise en charge par l’Etat du chômage partiel à partir du mois de juin ou le maintien de la réforme de l’assurance chômage intervenue en catimini l’an dernier, sont plus qu’inquiétantes.
Une crise sociale massive et violente se dessine, elle doit être anticipée. Les parlementaires socialistes ont déjà formulé un certain nombre de propositions à l’occasion de l’examen de la loi de finances rectificatives : augmentation de l’aide exceptionnelle pour les ménages bénéficiaires des minimas sociaux, fonds de soutien pour la distribution d’aide alimentaire, extension du dispositif de chômage partiel, aides alimentaires pour les étudiants etc…
Portons l’espérance que sur ce point, le monde d’après, ne ressemblera pas au monde d’avant… Nous y contribuerons par les propositions que nous portons et sur lesquelles je reviendrai.