La décision rendue par le Conseil constitutionnel est particulière à bien des égards.
D’abord, d’une certaine façon, le Conseil a pris sa décision en droit, de manière restrictive, sans considération du contexte.
Ensuite, après cette décision, il est évident qu’en justifiant la procédure retenue par le gouvernement le Conseil constitutionnel rétrécit encore plus la place du Parlement au sein de nos institutions. À l’avenir les gouvernements auront la tentation de s’engager dans cette possibilité pour d’autres réformes.
Enfin le texte qui sort de la rue Montpensier est encore plus rude socialement que le texte initial. En effet, au-delà du passage de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, les quelques mesurettes « sociales » d’accompagnement sont éliminées d’un texte qui, dans les faits, se limite presque uniquement à sa mesure la plus brutale, c’est-à-dire le recul de l’âge de départ à la retraite.
Par ailleurs, le Conseil constitutionnel a invalidé la demande de référendum d’initiative partagée. Encore une fois les dispositions constitutionnelles qui encadrent ce type de référendum prouve que dans les faits il est pratiquement inutilisable. Le RIP est une machine à générer de la désillusion démocratique alors même que l’attente était particulièrement forte s’agissant de l’injuste réforme des retraites.
À cette désillusion s’est ajoutée l’arrogance dont Emmanuel Macron est coutumier. La promulgation quasi immédiate de la loi sur les retraites sonnant comme une volonté de gouverner par l’humiliation alors même que l’opposition au texte est toujours extrêmement élevée.
Faire société, faire de la politique, ce n’est pas systématiquement créer de la fracture et de la dissension c’est vouloir générer du compromis et de l’espoir, proposer des mesures qui rassemblent et qui portent notre pays vers l’avant. Dans ce deuxième quinquennat, comme dans le premier, Emmanuel Macron montre qu’il n’a aucunement l’ambition de choisir cette voie.